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Chronique de confinement #4

Dernière mise à jour : 5 mai 2020

J’écris de la maison parce que c’est moins loin de chez moi…

(Sorj Chalandon)


Aujourd’hui, on met en images nos émotions.

Il y aurait plein de sujets à traiter pendant ce confinement, mais finalement, ce qui nous gouverne ce sont nos émotions. Et quand on vit avec des enfants en bas âge, il faut savoir les identifier un minimum pour ne pas trop les submerger, et les aider à surmonter certains moments difficiles. Je ne vais pas inventer quoi que ce soit ici. Il y a plein de psychologues, de chercheurs, de psychiatres, et d’autres personnes qui ont pensé, écrit et analysé tout ce qui se passe en nous.

Cette situation de crise nous confronte à nous mêmes (et à nos confinés vivant sous le même toit). Mais nous ne sommes pas tous dotés du même appareil psychique. Nous faisons tous face à nos propres émotions, notre propre situation, et devons gérer cette situation exceptionnelle avec des capacités de résistance et de résilience différentes.

Les enfants ne sont pas épargnés. Dans ce contexte traumatogène, ils sont sujets à de nombreuses émotions, qu’ils ne sont pas toujours aptes (en fonction de leur âge ou du contexte) à exprimer. Il est important de pouvoir les aider à nommer ce qu’ils ressentent. Vivre dans une bulle ne les aidera pas à donner du sens à ce qu’ils vivent. Tout ce que j’ai lu va dans le même sens (et c’est valable hors-Covid). En nommant ses propres émotions et ses peurs et en les contextualisant (quand on y arrive) on peut s’appuyer sur un levier relationnel pour leur faire savoir qu’ils ne sont pas seul. Bruno Humbeeck (psychopédagogue) dit que les enfants, petits et grands, sont d’abord en quête de lien (ce qui les rassure), puis en quête de sens (ce qu’ils font aura aussi du sens demain) et enfin en quête de signification (ce qu’il s’est passé a une explication et est compris). 

A la maison, on a tenté une expérience. On a voulu s’entraider en illustrant nos émotions. On a fait passer un casting à chaque émotion qu’on a pu identifier durant ce premier mois confiné ! Gros challenge d’arriver à les faire poser toutes ensemble (et pour ma fille de les prendre en photo du haut de ses 3 ans). On a donc shooté la Peur, la Tristesse, la Joie, la Colère, la Fierté, la Sérénité, la Timidité et l’Amour.



Pour chacune d’entre elles, on a essayé de définir ce qu’elles pouvaient apporter comme sensations physiques, mots et maux, ou gestes. 


La peur

Julia : quand j’ai peur je me cache dans un troupeau de plaids, ou sous un plaid, parfois quand j’ai peur je pleure, parfois je peux trembler parce que j’ai peur qu’on me trouve.


La tristesse

Julia : quand je l’ai dans mon cœur je reçois des larmes, et après je suis un peu rouge sur mon front. C’est un peu entre la tristesse et la colère. Si je reçois de l’électricité c’est plutôt de la colère.


La joie

Julia : quand j’ai la joie, je sens une chaleur m’envahir le corps, mes yeux s’ouvrent en grand et ça me fait sourire, mais sourire !


La colère

Julia : la colère ca veut dire que je ne suis pas bien, j’ai envie de crier sur les gens, de pousser, de taper, de griffer, j’ai envie de faire sortir mon émotion qu’elle explose.


La fierté

Julia : c’est quand j’ai réussi à lire un livre, ou à prendre des photos. C’est quand j’arrive à presque pas dépasser en dessin. Ca me fait lever les bras et je me sens invincible !


La sérénité

Julia : la sérénité ça veut dire que je suis bien, j’ai envie de faire sortir la joie.


La timidité

Julia : c’est quand je n’arrive pas à parler, je cache mes yeux où je me cache sous la couette, et je n’ose pas sortir de mon lit.


L’amour


Julia : l’amour c’est quand je ressens des petites bêtes dans mon cœur. J’ai plein de roses à l’intérieur, c’est mon âme qui est rose, parce que je suis gentille et que j’aime.

 

Pour aller plus loin


Chronique d’Ali Rebeihi sur FranceInter

Emard, Marie-Josée (2010). « Les contributions parentales à la compréhension des émotions des enfants en début de scolarisation » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie. https://archipel.uqam.ca/3763/

L'émotion.

Contribution à l'étude psychodynamique du développement de la pensée de l'enfant sans langage en interaction. Philippe Claudon et Margot Weber. Dans Devenir 2009/1 (Vol. 21), pages 61 à 99

Introduction de la lettre de Sorj Chalandon, lue par Augustin Trapenard le 3 avril 2020 sur France Inter (https://www.franceinter.fr/emissions/lettres-d-interieur/lettres-d-interieur-03-avril-2020).

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