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Chronique de (dé-)confinement #5

Cette semaine je me suis lancé le défi d'illustrer le texte d'un autre. J'ai demandé autour de moi et le premier a se lancer est Luc Baron, père de votre serviteur. C'est une première expérience sans prétention. Tous les clichés ont été réalisés pendant le confinement !

Je vous laisse apprécier le résultat!

Portez-vous bien


 

Je ne pouvais plus me dérober.


Le contrat était clair, et les différents subterfuges qui m’avaient permis jusque là de repousser l’instant ne tenaient plus face à la réalité, à l’engagement pris, l’accord clairement verbalisé, le fameux contrat.

La tache ne m’était pas familière. Je l’avais évité longtemps, mais cette situation de confinement donnait du relief à mes fuites passées. Avant cela, j’arrivais toujours à me défiler, trouver des prétextes, des contretemps, des obligations de l’instant, surgies de nulle part. Je sais que ne faisais que donner le change, qu’elle n’était pas dupe. Mais, de guerre lasse, elle n’insistait pas.

C‘était hier, dans les réalités de l’avant qui m’offraient davantage de lignes de fuite. Cette fois, je ne pouvais plus y échapper. L’ultimatum était clair : tu le fais ou je te quitte ! Plus aucun argument ne me permettait de remettre à plus tard une nième fois et de lui laisser la responsabilité de la besogne, comme d’habitude.

Je redoutais de me retrouver seul, isolé pendant des jours et des jours, à ne savoir que faire de ma pauvre existence. Ce confinement me plaçait dans la pire des situations : vivre avec elle 24 heures sur 24, avec elle et son foutu chat vorace, elle qui me plaçait de fait, sans le vouloir, face à moi-même et mes difficultés diverses à supporter la cohabitation autant que l’idée d’une éventuelle solitude, bref, mon incapacité à donner du sens à tout cela.

Ces questionnements me taraudaient et, finalement, peut-être étaient-ils pires que ce que je m’apprêtais à commettre. J’ai donc pris mon courage à deux mains - même si je savais qu’une seule suffirait - et suis aller chercher le terrible objet qui allait me permettre de remplir le contrat, un vieux Glock 17 que mon père, amateur de tir de compétition, m’avait donné, pour assurer la sécurité du foyer.

C’était la première fois que j’allais l’utiliser. Je l’ai sorti du fond d’étagère où il reposait depuis des lustres, l’ai extirpé du torchon qui l’enveloppait; j’ai vérifié son état, ses capacités de fonctionnement, et j’ai pris une grande gorgée d’air, plusieurs respirations pour apaiser mes nerfs, ne pas trembler, ne plus penser et agir. Je suis allé dans la cuisine et … Trois tirs rapprochés, presque à bout portant, en pleine cible. J’ai posé le Glock sur la table, laissé retombé les bras, repris mon souffle et souri.


Finalement, ce n’était pas si difficile de la descendre, cette poubelle.


Luc Baron - 25 avril 2020 - 10h15



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1 Comment


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Merci pour tant de naïveté et de délicatesse

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